Fils de Sirius

 

L'an chrétien 2021, 17 décembre, 16 heures. Un vendredi, quand le vent chante sa divine mélodie. Me voici pourtant hors du temps linéaire qui régit mon quotidien terrestre, téléporté sur un autre flux vibratoire, par le passage quantique du couloir de l'unité B. Une rencontre dans ce couloir d'intemporalité marque une étape essentielle de mon parcours. Essentielle, voilà sûrement le vocable le plus approprié, tant les échanges avec cet autre et notre lien dynamiseront mon évolution. À 16 heures du 17 décembre, je n'en sais rien encore, pas plus que je n'ai d'idée sur l'endroit où je me situe désormais, ni s'il s'agit bien d'un endroit ou d'une perception. Je ne sais rien de plus sur la provenance de cet alter ego, lui-même peut-être une illusion, à l'apparence aussi humaine que moi, doté toutefois d'une énergie qui dès les premières secondes, agit sur mes propres vibrations. La certitude de le reconnaître ne quitte alors pas mon esprit, sans pourtant parvenir à comprendre cette si forte impression de familiarité. À quelques jours de Noël, la vie pose son cadeau au pied de l'arbre.  Noël a-t-il seulement un sens dans cette nouvelle dimension. La Terre semble soudain si loin, et la chrétienté, un infime détail de l'histoire de l'Univers. L'Univers a-t-il même une histoire ? À l'issue de nos premiers échanges, il ressortira qu'il ne s'agissait pas d'une première rencontre, mais d'une réunion, la première d'un chemin de reconnexion qui allait nous faire grandir et sublimer notre essence sacrée. Deux corps habités chacun par la moitié d'une même entité, deux individualités en apparence séparées, ayant eu la mémoire effacée aux prémices de leur incarnation dans la densité terrestre de troisième dimension. La mémoire de leur unité.
De là, des indices mis en lumière par des messagers ou des synchronicités allaient nous faire remonter la piste de nos origines, loin dans l'espace et la temporalité.

 

Décidant de relater cette rencontre, comme si je captais quelque chose d'important, j'en entrepris le récit, que j'enrichissais d'éléments fictifs, le croyais-je en tout cas, pensant être l'unique créateur de cet écrit, et le composer à ma convenance. N'ayant aucunement conscience dans l'immédiat que j'étais la plume, et non l'auteur. Bien après l'écriture du présent texte, je réalise combien son champ lexical est éloigné de mon vocabulaire, combien ce langage participe à ma compréhension du chemin que la vie semble m'indiquer. Chaque relecture me plonge dans une fascination devant la subtilité du scénario et le calendrier des révélations.
Convaincu d'assembler à mon gré les lettres pour produire des messages et ajouter de la littérature à ma narration, j'observais par la suite que les messages en question, des suites de mots teintées de mystère et de magie, qui n'avaient finalement rien de très littéraires, me guidaient vers de nouveaux savoirs. Mon chemin se trouva alors jalonné d'impressionnantes coïncidences faisant écho à ces formules magiques.

 

La première me vint après la seconde réunion avec cet « autre ». Je me questionnais alors sur le fort sentiment remplissant mon être depuis notre premier face-à-face. Sept mots, qui m'apparurent sans signification évidente. Impression accentuée par ce que je pris pour une faute d'accord.

 

NÉS, L'ENFANT DE SIRIUS, BA, KA, L'AMBRE.

 

Le pluriel du premier mot m'étant apparu comme une erreur, j'ai, d'entrée, porté mon intérêt plus loin, sur ces deux syllabes qui ne me parlaient pas, si ce n'est qu'elles m’intriguaient : Ba et Ka. Les recherches sur ces deux notions m'ont propulsé dans le dédale de l'Égypte antique. Symbole de la force vitale puisée dans la nourriture, principe de la vie et de l'énergie, le Ka constitue une part de l'humain, qui le recevrait à la naissance. L'âme immortelle, le Ba est la partie subtile de l'être. Indissociable du Ka, elle coexiste avec les bienheureux et prend part aux offrandes adressées au Ka.
Avant que ces noms ne me soient révélés, par ma propre main, jamais auparavant je ne les avais lus ni entendus, du moins ne m'en restait-il aucune mémoire consciente.
Bien que le nom de Sirius, quant à lui, m'était tout à fait connu, je cherchais une signification à la suite de mots, et entrepris de rassembler des informations concernant cette étoile, dont je savais finalement peu de choses. La quête nous menait de nouveau dans l'Égypte ancienne, et jusqu'à l'Atlantide. Sirius y était considérée comme la plus importante étoile du ciel. La Grande Pyramide de Gizeh serait elle-même construite en alignement parfait avec la ceinture d'Orion et Sirius. Un peu plus de deux mille ans avant l'ère chrétienne, les égyptiens avaient par ailleurs observé que les crues du Nil, le « fleuve sacré » débutaient à l'aube, quand apparaissait Sirius.
Étoile la plus brillante de la nuit, Sirius représentait pour d'anciennes civilisations, la lumière originelle, ou encore, le grand et merveilleux projet d’une force magique. Le jeu de pistes auquel nous étions invités à jouer progressait ainsi vers une investigation plus profonde qu'un simple amusement, balayant les enseignements que nous avions reçus au cours de notre présente incarnation. Dans une époque lointaine, des êtres de Sirius seraient venus enseigner aux civilisations terriennes (égyptiens, dogons et autres) le système d’étoiles de Sirius ainsi que le système solaire. Ces civilisations auraient par la suite intégré ces enseignements à leurs mythologies. L'archétype d'un grand enseignant céleste se retrouve chez les dogons, les sumériens, les égyptiens, les israëlites et les babyloniens.
Ce grand enseignant, nommé Enoch, Thot ou Hermès Trismégiste, aurait aidé l’humanité à accéder à la communication avec l'au-delà et le divin. Il est dit dans des traditions anciennes que Thot-Hermès a enseigné les atlantes.
L'ambre, enfin, allait-il rendre quelque clarté quant au message obtenu. Était-ce seulement un message, ou une abstraite suite de mots, fruits de ma distraction.
Je lus que dans l'Antiquité, l'ambre réconfortait les cœurs et y insufflait l'énergie solaire, auprès d'Apollon, divinité de la lumière et des arts, héros de la beauté masculine,  Il se dit aussi que l'ambre est un écrin de la mémoire du monde. Les Slaves voyaient dans ses gemmes les larmes cristallisées des dieux. L'ambre, enfin, symbolise l'union éternelle.

 

Chaque mot du message ayant trouvé tout son sens, je me remis à l'écriture, demandant à une hypothétique force une phrase qui serait plus qu'une simple liste de mots. J'obtenais alors une énigme poétique à peine plus significative au premier abord, comprenant toutefois que j'avançais doucement vers une révélation. Doucement car c'est ainsi que les choses semblaient être voulues, au nom d'une évolution dont je saisissais tout juste le dessein :

 

BA ET KA EN FILS RÉUNIS DANS L'AMBRE.

 

Je compris alors que le pluriel du premier mot du premier message n'était pas une faute d'accord, mais constituait une indication. Ba et Ka apparaissent dans ce second message comme les deux enfants, deux fils, deux garçons, « nés » donc. Le pluriel étant bien à propos. 
L'enfant au singulier du premier message tend à faire entendre que Ka et Ba sont indissociables, ainsi qu'ils le sont, selon la mythologie égyptienne. Deux fils, qui sont un même enfant, soit une même personne. Une même âme. 
« Réunis dans l'ambre » parle alors de leur reconnexion. De l'énergie qui lie toutes choses, toutes créatures, et ruisselle indéfiniment d'une dimension à l'autre. Toute perte, toute séparation n'étant alors qu'illusion, le temps d'un passage dans la densité. Le temps, lui-même une perception.
Suis-je enfant de Sirius ? Sommes-nous ces fils des étoiles ? Alors d'une dimension à l'autre sommes-nous l'alliance éternelle de deux âmes connectées à leur lointaine constellation, les deux moitiés peut-être, d'une même âme, deux poussières d'étoile qui se reconnaissent et se reconnectent pour ensemencer la lumière.
Comme si tout était dit dans les deux énigmes, l'écriture automatique n'agit plus. À moi, à nous d'inventer de nouveaux moyens de recevoir les révélations. J'ai lu, sur la crête d'un rêve, que l'identité terrestre de Ba et Ka personnifiés est contenue dans un troisième message, dans un langage propre à l'alchimie et la fusion des corps. C'est l'être par l'être qui le fait naître.